« A la chasse aux cols de +2000m »

Du Jeudi 3 septembre au mardi 8 septembre 2015, Noël et Jean-Michel, tous deux membres du cyclo club de Saint-Avold, mais également du club des Cent Cols de la FFCT, ont fait un séjour en Italie dans le Piémont avec pour objectif de récolter des cols muletiers, c'est-à-dire à VTT mais en plus, en glanant au passage un maximum de cols à plus de 2000m d'altitude. En effet, pour appartenir au club des Cent Cols, il faut franchir des cols à vélo ou à VTT; pour chaque centaine de cols, il faut justifier de 5 cols à +2000m, sinon le compteur se bloque. A ce jour, Noël compte plus de 1800 cols et pour en trouver à +2000m, il est obligé de se rabattre sur les cols muletiers car il a franchi tous les 2000 routiers français et suisses. Comme il a eu quelques soucis de cœur ces dernières années, son épouse lui interdit désormais de se lancer seul à l'assaut de cols en haute montagne; c'est pourquoi il a recherché un compagnon de route, en l'occurrence Jean-Michel, pour l'accompagner dans ce périple; ce dernier souhaite lui aussi augmenter son quota de cols à +2000m car son compteur est actuellement bloqué à 299 cols.

 

C'est Noël qui a organisé l'expédition, qui a étudié les circuits VTT possibles en montagne et a trouvé le camp de base situé à MARMORA dans la vallée de MAIRA.

Le jeudi 3 septembre, les deux compères ont donc quitté Saint-Avold à bord du camping-car de Noël pour faire une première halte à IVREA en Italie en passant par la Suisse et le tunnel du Grand Saint-Bernard au tarif prohibitif. C'est pourquoi, au retour ils sont passés par le col, le paysage était bien plus spectaculaire que les parois du tunnel noircies par la pollution.

Petite anecdote: en Italie, quand vous franchissez un poste de péage et que le distributeur ne vous donne pas de justificatif, ne discutez pas avec le bigophone, mais avancez avec votre véhicule et rangez-vous sur le côté, sinon la barrière se ferme et vous êtes bon pour vous justifier, si vous trouvez un interlocuteur qu'il faut convaincre que vous avez bien introduit le ticket dans l'appareil et payé avec votre carte. Cela prend facilement 20 minutes si vous ne parlez pas italien.

Le lendemain matin, départ pour MARMORA où nous sommes arrivés vers midi. Nous nous sommes installés au camping après être passés par l'accueil où nous avons été reçus avec beaucoup de gentillesse. A titre d'information, Noël avait utilisé le « Streetviewing » pour être sûr que nous pourrions accéder à MARMORA, un tout petit village perché à 1200m d'altitude. En effet, la route étroite qui y mène passe par deux tunnels qu'il fallait être sûr de pouvoir emprunter avec le camping-car; donc Noël a visionné les dimensions des tunnels, mentionnées sur les panneaux.

Les repas étaient concoctés dans notre habitacle par Noël, le cuisinier attitré alors que c'était moi qui dressais la table et faisais la vaisselle. Il faut dire que dans cet espace réduit, j'ai découvert - car c'était ma première expérience en camping-car -, qu'il faut être organisé: tout doit être à sa place. Mais avec un peu de discipline on y arrive très bien: la preuve, la cohabitation s'est déroulée dans de très bonnes conditions, même si Noël avait parfois des difficultés pour retrouver son téléphone (qui était rangé à l'endroit habituel) ou les cartes qu'on ne pouvait oublier, surtout en montagne.

 

Le déjeuner terminé, nous avons sorti les VTT du coffre, remonté les roues et nous nous sommes élancés à l'assaut de nos deux premiers cols. Un circuit de 12 km aller-retour avec 470m de dénivelé positif et deux cols à 1650m d'altitude et une superbe vue sur les villages de CANOSIO et de MARMORA.

   col-6

Le lendemain matin, on s'est levé quand le soleil pointait le bout de son nez au niveau des cimes; il faisait frais et il a fallu s'habiller chaudement. Nous sommes donc partis en n'oubliant pas les provisions pour 2 jours de VTT en altitude. Dès la sortie du village la route s'élevait rapidement et au bout de 10km, nous avons atteint le col de Preit qui culmine à 2083m et où la route asphaltée s'arrête pour laisser place à une piste caillouteuse.

  

Nous venions de gravir 900m de dénivelé et ce n'était pas fini car, pour atteindre le refuge de la Gardetta, il fallait encore monter de 200m et les premières crampes se faisaient sentir dans les cuisses de Jean-Michel, preuve qu'il avait laissé pas mal de « jus » depuis le départ et qu'il n'avait pas assez bu. Le refuge atteint il était l'heure de déjeuner et après le repas tiré du sac, Noël est allé commander un café gâteau auprès de la responsable du refuge dans lequel nous avions prévu de passer la nuit.

Mais il n'était pas encore l'heure du dîner et nous sommes donc repartis à l'assaut d'autres cols, dont celui de la Gardetta à 2437m; puis, dans la foulée nous avons grimpé les 2 cols de Rocca Brancia 2606m et d'Oserot à 2640m. Ces deux derniers cols ont été franchis à pied en poussant le VTT sur un sentier escarpé longeant d'un côté la falaise et de l'autre le vide. Quel spectacle visuel dans ce paradis de cailloux où nous avons eu la chance d'apercevoir devant nous, à 10m à peine, des bouquetins qui semblaient surpris de l'arrivée de deux extra-terrestres essoufflés par l'effort produit!

  

Puis ce fut le retour au refuge en alternant marche à pied et VTT. Nous étions à 8 pour dîner, dont une jeune allemande et une famille Italienne avec ses 3 garçons. Nous n'avons pas fait long feu et nous avons rejoint rapidement la chambre commune que nous partagions avec la randonneuse allemande qui n'avait rien à craindre des vieux lascars fatigués, si ce n'est d'être importunée par leurs ronflements.

 

Le lendemain, après le petit déjeuner, notre charmante randonneuse était déjà partie quand nous nous sommes élancés pour la journée marathon, à l'assaut d'autres 2000. Nous avons enchainé successivement les cols de Cologna 2394m, Margherina 2420m, Ancoccia 2535m, della Bandia 2408m, Valcavera 2429m, Dei Morti 2480m, Vallonetto 2438m et enfin Esischie 2366m.

Lors de ce périple en altitude nous avons rencontré plein de gens sympathiques à pied, à VTT ou encore à moto qui nous ont renseignés sur la recherche des cols, car il n'est pas toujours facile de se repérer en montagne et de trouver le bon chemin pour éviter les kilomètres supplémentaires et les efforts inutiles. Nous avons également rencontré notre randonneuse allemande au col d'Ancoccia et avons été pris en photos par des marcheurs italiens qui étaient admiratifs devant notre performance, car il fallait quelquefois pousser le VTT dans des parties très pentues; nos chaussures ont sacrément souffert de la morsure des cailloux.

 

C'est au col de Valcavera que nous avons piqueniqué avant de rejoindre le col de Di Morti ou de Fauniera au sommet duquel est érigée une stèle en souvenir de Marco Pantani.

     

Depuis le col d'Esischie nous avons amorcé une descente longue de 11 Km pour rejoindre MARMORA à 1200m d'altitude par une route étroite et défoncée où les freins ont été mis à rude épreuve. Nous venions de parcourir en 2 jours, 80 km pour 2165m de dénivelé positif.

Après une bonne nuit de repos dans notre camping-car, nous avons décidé de rechercher encore quelques cols, mais cette fois sur l'autre versant de la vallée de MAIRA. C'est pourquoi nous avons quitté le camping à l'aube après avoir réglé notre note pour nous rendre à ELVA. Dans la montée vers ce petit village, nous avons vite été arrêtés à STROPPIA, d'une part à cause de l'étroitesse de la route - bien qu'il n'y ait aucune interdiction pour les camping-cars - et d'autre part à cause d'un panneau n'autorisant le passage des véhicules que toutes les 2 heures, suite à des travaux de consolidation des parois rocheuses. Nous décidons donc de garer le camping-car dans ce village et de partir à VTT. C'est ainsi que notre journée démarre à 1100m d'altitude pour passer 4 cols: celui de Cavallina à 1941m puis le col de San Giovanni 1875m où nous décidons de pique niquer car la vue y est magnifique et qu'il y fait soleil.
Le gag de la journée et du voyage se produit au moment où chacun sort les victuailles de son sac à dos. Moi, c'est le saucisson et les pommes et Noël, c'est le jambon et le pain. Sauf que Noël s'est trompé de sachet le matin en prenant le sac poubelle blanc de la veille en lieu et place du sachet blanc contenant le pain. Heureusement que la veille au soir j'avais récupéré au restaurant des biscuits salés que nous avons partagés équitablement. Le repas a été frugal et on s'est rattrapé le soir au dîner. Nous avons à l'issue du déjeuner chassé encore deux cols: le col de Sampeyre 2284m et la Bassa dell'Ajet qui culmine à 2310m.
C'est en plein effort, en gravissant le col de Sampieyre,-nous étions à 1 km du sommet- que Jean-Michel s'arrête net : il brandit ce que Noël croit être une pompe à vélo, mais qui s'avère être le pédalier, celui-ci s'étant désolidarisé de son axe. Impensable, et pourtant il a fallu le repositionner et le refixer pour achever le périple.

 

Nous avons eu le plaisir de rencontrer au sommet de ces cols deux motards Suédois ainsi qu'un couple allemand originaire de la Forêt Noire.
Après la descente nous avons rejoint le camping-car, rangé nos VTT et avons tout de suite pris le chemin du retour pour sortir le soir même encore de la vallée MAIRA.

 

Nous avons passé la nuit sur une aire de service près de CUNEO avant de reprendre la route le lendemain pour rejoindre Saint-Avold, en passant par la Suisse et en gravissant avec notre engin motorisé le col du Grand Saint-Bernard, détour que nous n'avons pas regretté car le temps était splendide, les paysages merveilleux à l'exception de la température qui avoisinait 7°C.

Nous sommes rentrés heureux d'avoir réalisé l'objectif fixé et, si Dieu le veut, nous remettrons peut-être cela à une échelle moindre et - pourquoi pas - en Forêt Noire.
Noël et Jean-Michel les chasseurs de cols.

Noël et Jean-Michel, les chasseurs de cols.