Je m’y attendais, mais malgré tout un brin d’inquiétude m’a saisi lorsqu’Alfred m’a demandé d’assurer le compte rendu de notre dernière sortie VTT.
J’ai réfléchi un peu mais l’homme était sec de sec, le cerveau vide, la tête ailleurs, pourtant je ne pouvais pas décevoir, je ne pouvais pas dire non à Alfred l’homme qui se décarcasse.Je me suis donc assis devant une feuille blanche, une feuille d’ordinateur, et tout doucement, comme un mirage naissant, comme un miracle, dans ma tête cela s’est mis à bouillonner et les neurones sont entrés en ébullition ; Vite j’ai dû me reprendre pour maîtriser la situation et organiser tout ce désordre,
Et tout naturellement le rêve est devenu réalité, les mots se sont alignés d’eux-mêmes les uns derrière les autres, le récit devenait réalité et la page blanche se couvrait de signes de manière à communiquer avec les camarades et à nous raconter cette belle journée à tous comme si tous nous avions été présents, comme si tous nous avions mal aux mollets et que l’estomac réclamait une compensation après l’effort fourni.
Et voici notre histoire. Pour moi elle commence à 5H10, lever aux aurores, dès le pied droit sur la descente de lit, et mes lunettes posées sur le nez je suis dans l’aventure. Petit-déjeuner un peu plus consistant que d’habitude, je tourne quand même rapidement les pages du journal local surtout pour sacrifier à un rite quotidien, plus même que pour prendre connaissance des nouvelles, je dirais les catastrophes nationales et internationales et les chiens écrasés de la région.
Sur ce, passage rapide à la salle-de-bains. Ça c’est le corps, l’esprit lui est déjà 98Km lus loin, plus précisément sur le parking de la piscine de Niederbronn-les-Bains.
Le voyage en voiture me paraît un plus long que d’habitude, probablement parce que cette fois ci je n’ai pas de compagnon de route. Mais au bout d’une heure vingt minutes de route j’arrive sur le parking avant même l’heure du rendez-vous fixée à 7H45. Le gros de la troupe est déjà là, en fait je crois que nous arrivons dans un mouchoir de poche, aucun retardataire.
Et là la mayonnaise prend, ce n’est que saluts, éclats de voix, éclats de rire. Nous sommes tellement contents de nous retrouver, de serrer les mains, d’anticiper les aventures de la journée à venir.
Il est 8H10, et il est temps de passer aux choses sérieuses, nous allons partir :
Le groupe route composé de Patrick, Roland, Jean-Paul, Zoubier et Lucien vient de partir.
Alfred notre guide VTT démarre à son tour suivi de Babette, Marc G., Adrien, Alain, Fernand et Guy.
Là je n’en crois pas mes yeux ni mes mollets, nous entamons une descente, certes modeste, (j’ai regardé Garmin, nous passons de 273m à 259 mètres, vous vous rendez compte) mais ça ne monte pas, ça descend…
Cinq minutes à peine viennent de s’écouler, comme d’habitude notre guide vient de trouver le « sillage » et déjà ça monte. Vas y mollo Guy garde ton souffle, une longue ligne droite montante se déroule devant moi et je n’en vois pas le bout. Du bout des lèvres, je me murmure à moi-même, plutôt en forme aujourd’hui. Je m’arrange pour que personne n’entende, j’ai peur des sarcasmes surtout que ma position se situe plus sur la fin que sur l’avant. (En tout une élévation de 175mètres,- de 259 à 434).Mais ça monte, et ça monte et ça ne cesse pas de monter. Chacun son rythme, personne ne grogne, il est vrai que nous étions prévenus. Pour l’instant pas beaucoup de racines, c’est déjà ça, le sol est propre, plutôt sablonneux, recouvert des feuilles du dernier hiver, un vrai tapis, le luxe, quoi !
Et c’est bizarre, oubliée la tôle ondulée, un parcours parfait pour un vieux qui ne supporte plus les chocs trop violents, il faut ménager la monture. Le souffle se régularise, je peux apprécier le paysage et jauger la piste devant moi. Ce n’est pas facile mais que c’est bon. Je dirais un circuit à la portée de tout « un pékin », la seule chose, il faut l’envie, un peu de mollets, le goût de la découverte , de la volonté aussi, et là l’esprit de la petite famille l’emporte, impossible de flancher, ceux qui sont venus 2 fois reviendront à chaque fois.
Et nous ne demandons qu’à accueillir des nouveaux ; Comme la nature est ainsi faite que nous ne pouvons plus faire de petits malgré l’ardeur et la « verdeur » des cavaliers sur leurs montures et malgré la gentillesse et la hardiesse de notre Babette, encore faudrait-il pouvoir la rattraper.
La seule solution pour nous c’est l’adoption !!!
Alors, avis aux amateurs, ils ne seront pas déçus. S’il vous reste quelques craintes, essayez, le plus grand danger qui vous guette n’est pas celui que vous croyez, à savoir l’échec ou la souffrance, non c’est le virus ou l’addiction.
Trêve de bavardage. Le circuit se poursuit, au bout d’une heure nous avons quand même parcouru 8km mais nous sommes toujours 7. Je scrute l’horizon, tiens loin devant Alfred a les pieds « sur le sol » et marche à côté de son VTT, ce doit être dur. Au bout d’un moment nous arrivons au carrefour du Windstein, quelle direction allons nous prendre ?
Eh bien, la plus difficile bien entendu, une belle prairie parsemée de splendides œillets sauvages de couleur rose. Un véritable mur, pas question de prendre de l’élan, le tout est de ne pas marcher à reculons et de tenir bon. Nous poussons nos montures vers le haut, personne ne fait exception, les mollets brulent, le souffle est court, nous sommes même obligés de faire quelques courtes pauses histoire de respirer. Alfred qui connaît ses ouailles y va de ses recommandations et m’a bien dit de manger à chaque heure, mais les pauses sont rares et courtes, j’essaie cependant de croquer de temps à autre dans une barre, plus lors d’un ralentissement que d’un véritable arrêt.
C’est vrai que nous remarquons l’absence (involontaire) d’un habitué qui se reconnaîtra, de ce fait même les pauses « prostate » disparaissent, et puis le dénivelé et la transpiration aidant, « l’évacuation » se fait beaucoup par les pores !
Tout de même, nous coupons une miniscule route asphaltée en haut d’un raidillon, enfin… c’est que nous avions cru, après un haut il y a parfois de nouveau un haut. (point culminant = 516 m). Soit, c’est la totale : les langues se délient, prostate, barre de céréales, boissons, aujourd’hui pas de bananes…
Et Babette partage, c’est notre mère, je dirais plus respectueusement notre sœur !
Alain prend plutôt de la poudre de perlimpinpin… chacun sa méthode.
Moi je reprends plus simplement mon … souffle.
Mais il est temps de repartir, et bien caché dans la forêt c’est un nouveau single, je vous le donne en mille, on monte ? ou bien on descend ? Non, fichtre non, nous montons à nouveau. Pas grave nous sommes chauds, lors d’un passage plus difficile qu’un autre où tout le monde a mis le pied à terre, Adrien nous surprend tous, avec son VAE qu’il maîtrise parfaitement, il s’élance vers le « firmament », il évite avec beaucoup d’intelligence la trace périlleuse empruntée par ses prédécesseurs pour passer dans l’herbe verte à côté, et en expert il passe brillamment l’obstacle. Bluffant !Il faudra qu’il nous donne des leçons.
Il y a des descentes aussi, mais je dirais que paradoxalement, aujourd’hui les montées « montent » moins, les descentes « descendent » doucement. Peut-être est ce l’accoutumance et l’expérience. Mais nous ne sommes pas des blasés du paysage, le sol est « plus doux » mais nous pouvons admirer les concrétions de grès rose vosgien ; Nous passons également juste à côté d’un merveilleux château médiéval en ruines restauré juste ce qu’il faut. Et c’est ainsi que notre rêve se poursuit.
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